Nous avons été fortement confronté.e.s à la question de l’articulation entre violences conjugales et vulnérabilités résidentielles en 2021.
Nous avons alors mesuré le rôle « clef » que nous pouvions jouer auprès des femmes mal logées victimes de violences conjugales, du fait de notre champ spécifique d’intervention et de l’accompagnement de proximité que nous proposons. Nous avons pris conscience de l’ampleur de ce phénomène dramatique chez les femmes que nous accompagnons et de l’étendue des difficultés qu’un tel accompagnement implique. En effet, la problématique du logement (suroccupation, insalubrité, menace d’expulsion ou errance) renforce l’urgence d’une prise en charge adaptée et d’un suivi bien spécifique pour ces femmes et leurs enfants quand elles en ont.
Nous avons réalisé que dans ces situations, nous devions considérablement modifier notre façon d’accompagner les femmes concernées, d’alerter les partenaires, d’adapter le type de procédures à engager, afin de faire face à des difficultés nouvelles ainsi qu’à un rythme d’accompagnement plus soutenu.
Nous avons donc décidé de nous former et nous mobiliser sur ce sujet, afin de mieux identifier ces situations et de proposer un accompagnement efficace à ces femmes dans les démarches leur permettant d’accéder à leurs droits, de vivre en sécurité dans des conditions dignes, et de se reconstruire. Ce changement dans nos pratiques, cette vigilance particulière de l’ensemble de l’équipe, nous a permis de découvrir un nombre important de situation de violences conjugales actuelles ou anciennes.
En 2022, nous avons déployé une action spécifique et démarré l’accompagnement resserré de femmes mal logées victimes ou ayant été victimes de violences conjugales, en nous appuyant sur un réseau solide de partenaires anciens ou plus récents.
Nous avons mobilisé notre réseau habituel (notamment nos avocats pour le volet judiciaire, ou encore la Préfecture de Paris et la Ville de Paris pour les relogements en urgence) et commencé à développer de nouveaux partenariats avec des acteurs spécialisés sur ces questions.
Cette action est mise en œuvre par l’ensemble de l’équipe et plus spécifiquement par Charlotte MALLET, diplômée en droit ainsi qu’en sciences sociales, qui a accompagné de façon resserrée les femmes victimes de violences conjugales. Elle a également apporté son soutien à l’équipe lorsque l’un.e d’entre nous était confronté.e à cette problématique.
Depuis janvier 2023, Charlotte MALLET se nourrit de cette action pour rédiger une thèse portant sur les conséquences des violences conjugales sur les trajectoires personnelles et résidentielles des femmes victimes de violences conjugales, dans le cadre d’une CIFRE.
Ce projet de recherche-action émane d’un désir commun d’arriver à une meilleure compréhension des parcours et des besoins spécifiques des femmes victimes de violences conjugales que nous accompagnons. Cette envie découle de plusieurs constats : le nombre relativement élevé de femmes accompagnées ayant vécu ou vivant des violences conjugales de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, le caractère inadapté des dispositifs de relogement face à des situations de violences conjugales, les difficultés de positionnement professionnel (comment aborder cette problématique, vers qui orienter les femmes reçues, comment alerter nos interlocuteur.ices sur l’urgence du relogement…). Le travail de recherche a pour objectif de questionner les conséquences de ces violences sur les trajectoires résidentielles et personnelles des femmes concernées et de nous aider à améliorer l’accompagnement que nous leur proposons.